La fin du thermique 2035 semblait actée. Pourtant, à quelques jours d’annonces majeures de la Commission européenne, le calendrier semble changer sous la pression des États membres et des constructeurs automobiles.

Faisons le point sur ce qui était prévu et ce qui est en train de se passer à Bruxelles concernant la fin du moteur thermique en Union Européenne.
Ce que prévoit le règlement pour la fin du thermique en 2035
En 2023, l’Union européenne a adopté un règlement ambitieux. À partir de 2035, seuls les véhicules neufs zéro émission à l’échappement pourront être vendus sur le continent. Concrètement, cette mesure signait la fin de la production et de la vente des moteurs thermiques classiques dans les voitures neuves.
Toutefois, le texte prévoyait dès l’origine une clause de revoyure. Cette disposition permet de réexaminer les objectifs en fonction de l’évolution du marché. Initialement programmée pour 2026, cette révision a été avancée à 2025. C’est précisément cette clause qui cristallise aujourd’hui tous les débats à Bruxelles.
La Commission européenne doit présenter un « paquet automobile » le 10 décembre 2025. Cependant, selon plusieurs sources concordantes, cette annonce pourrait être repoussée au début 2026. Ce report illustre la difficulté à trouver un consensus entre objectifs climatiques et préservation de l’industrie européenne.
En France, une préférence européenne
Le 2 décembre 2025, le gouvernement français a réuni à Bercy l’ensemble des acteurs de la filière automobile. Monique Barbut, ministre de la Transition écologique, et Sébastien Martin, ministre délégué à l’Industrie, ont reçu constructeurs et équipementiers pour définir une position commune.
Dans le communiqué officiel, la France maintient son engagement pour une mobilité sans émissions. Néanmoins, le ton a évolué. Paris défend désormais une « préférence européenne assumée » dans la future réglementation. Cette approche vise à valoriser les véhicules et composants fabriqués sur le continent : batteries, moteurs électriques, électronique embarquée.
Le gouvernement évoque également une « neutralité technologique conditionnelle ». L’objectif 2035 semble donc toujours maintenu. En revanche, Paris reconnaît qu’une approche exclusivement électrique pourrait fragiliser certains sites industriels. Paris envisage donc des aménagements, à condition qu’ils soutiennent la production européenne.
Fin du thermique 2035 : exception carburants alternatifs
Berlin adopte une position plus directe. Le 28 novembre 2025, le chancelier Friedrich Merz a adressé une lettre officielle à Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. Sa demande est explicite : autoriser après 2035 les véhicules hybrides rechargeables et les moteurs thermiques fonctionnant avec des carburants de synthèse ou des biocarburants.
Le commissaire européen aux Transports, Apostolos Tzitzikostas, a confirmé que cette lettre avait été « très bien reçue à Bruxelles ». Dans une interview au Handelsblatt, il a indiqué que la Commission intégrerait « tous les progrès technologiques » dans sa révision, notamment les e-fuels et biocarburants avancés.
Pour l’Allemagne, l’enjeu est considérable. L’industrie automobile emploie des centaines de milliers de personnes outre-Rhin. Elle repose encore largement sur le thermique, et les constructeurs comme Volkswagen, BMW, Mercedes-Benz, Porsche et Audi font face à une concurrence asiatique, et notamment chinoise, de plus en plus agressive.
Des constructeurs européens divisés au sujet de la fin du thermique en 2035
Les constructeurs automobiles européens n’affichent pas une position unanime sur la fin des moteurs thermiques en 2035. Leurs stratégies divergent selon leur niveau d’investissement dans l’électrique et leur exposition au marché.
Plus de flexibilité pour Stellantis
Stellantis, par la voix de son nouveau directeur général Antonio Filosa, juge l’objectif 2035 « pas réaliste tel que défini ». Le groupe aux 14 marques réclame des « flexibilités » à Bruxelles : lissage des objectifs sur cinq ans, supercrédits pour les petites électriques et meilleure reconnaissance des hybrides rechargeables. Toutefois, Stellantis ne demande pas officiellement l’abandon de l’échéance.
Fin du thermique 2035 : un désastre d’après BMW
BMW adopte une position plus radicale. Oliver Zipse, son PDG, qualifie la politique européenne du tout électrique de « désastre ». Le constructeur munichois défend ouvertement les carburants de synthèse et l’hydrogène comme alternatives complémentaires. Il a même proposé de repousser l’interdiction à 2050.
Fin du thermique 2035 : des solutions complémentaires pour Renault
Renault affiche une stratégie plus nuancée. Le groupe français a massivement investi dans l’électrique avec la R5, le Scénic E-Tech et la future Twingo. Cependant, son nouveau directeur général François Provost a récemment ouvert la porte à des « solutions complémentaires », notamment les prolongateurs d’autonomie. Une façon de rassurer les clients encore hésitants face au tout électrique.
Cette fragmentation affaiblit la voix de l’industrie automobile européenne dans les négociations avec Bruxelles.
Fin du thermique 2035 : un marché électrique en progression
Face aux annonces de crise du marché électrique, les chiffres racontent une autre histoire. Sur les dix premiers mois de 2025, les voitures électriques représentent plus de 16 % des immatriculations en Europe. Cette part progresse de 3,2 points par rapport à 2024.
Malgré des chiffres en hausse constante, la trajectoire reste insuffisante pour atteindre parfaitement l’objectif 2035. Notons toutefois que la progression est réelle. Le véritable enjeu concerne donc l’offre de véhicules abordables. En effet, les constructeurs européens peinent encore à proposer des modèles électriques à moins de 25 000 euros, segment où la concurrence chinoise s’avère redoutable.
Ce que la fin du thermique 2035 change pour les automobilistes
Rappelons un point essentiel. La fin du thermique 2035 ne concerne que les voitures neuves. Les véhicules thermiques déjà en circulation pourront continuer à rouler bien au-delà de cette date. L’entretien, la réparation et la revente sur le marché de l’occasion resteront possibles.
Au quotidien, les changements concrets proviendront de d’autres politiques. Les zones à faibles émissions représentent par exemple l’un des premiers leviers. Le coût de l’énergie et le déploiement des bornes de recharge influenceront également les choix des automobilistes pour passer d’une voiture thermique à une voiture électrique.
Une échéance maintenue mais assouplie
La fin du thermique 2035 n’est donc pas annulée. L’Union européenne ne renonce pas à la décarbonation du transport routier. En revanche, le chemin pour y parvenir s’enrichit d’exceptions. Entre maintien de l’objectif, ouverture aux carburants alternatifs et demandes de flexibilité, le débat a évolué. Les prochaines semaines seront décisives pour clarifier la trajectoire européenne.
____________________________________________