Du Conservatoire Citroën à La Sotizerie, retour sur le plus mythique des utilitaires français, le Citroën C15
Apparu en mars 1984, le Citroën C15 fête ses 40 ans au printemps 2024. Considéré comme indestructible par les professionnels, cette fourgonnette est aussi une véritable légende chez les plus jeunes passionnés. Le Citroën C15 jouit en effet aujourd’hui d’une cote de popularité à la fois extraordinaire et inattendue. Retour sur sa carrière glorieuse, pleines d’évolutions que nous commente Denis Huille, responsable du Conservatoire Citroën, et d’anecdotes des plus grands fans du C15, La Sotizerie.
Citroën C15 : les secrets de l’utilitaire préféré des professionnels
Le Citroën C15, présenté officiellement au Mondial de l’Auto 1984, a eu droit à trois générations jusqu’à l’arrêt total de sa production en 2006, avec plus de 1 180 000 utilitaires produits.
Le 15 signifie 1500 kg de poids total autorisé en charge (PTAC). Le C quant à lui provient de Culte. En associant les deux, cela donne le C15, le mythique fourgon Citroën. Avec ses 3,99 mètres de long, pour 1,80 m de haut et 1,63 m de large, pour un volume de chargement de 2 670 m3, le C15 bénéficie d’un rapport capacité/encombrement remarquable.
Et ce n’est pas tout, il est considéré comme indestructible par beaucoup. Seule peut-être la rouille peut avoir raison de lui. Plus étonnant encore, le Citroën C15 n’a presque pas pris une ride car d’après les chiffres de fin 2022, 90 000 voitures seraient toujours en circulation !
Fiable, agile et robuste, le Citroën C15, un utilitaire absolument inusable !
Le Citroën C15 a connu une carrière pleine d’évolutions au fil des années. Côtés motorisations, il y avait deux choix possible, deux blocs Diesel, 1.8 et 1.9 60 ch, et quatre moteurs à essence, 0.9 45 ch, 1.1 55 ch, 1.3 65 ch et 1.4 75 ch. « Il a été lancé avec un petit moteur 1124 cm3, un 4 cylindres essence très solide. Puis après, il y a eu les moteurs Diesel, atmosphériques. Ils font vraiment un bruit de tracteur. Mais par contre, oui, ils sont robustes, inusables et consomment peu« , sourit Denis Huille, responsable du Conservatoire Citroën.
« Citroën a toujours su faire des utilitaires légers. Le C15, basé sur la Visa, a remplacé ainsi la 2CV fourgonnette. Son arrivée sur le marché permettait d’offrir quelque chose de plus performant, plus endurant », rembobine-t-il. « L’avantage du Citroën C15, c’est qu’il est agile, il va dans les petits coins et il correspond à une demande au sein des professionnels, souvent des artisans, ou d’autres publics qui ont des choses à transporter. Et ce qui était vraiment dans le cahier des charges, c’est qu’il soit fiable et robuste.«
Le C15 c’est aussi une importante capacité de chargement pour faciliter la vie des artisans
Selon lui, en plus d’avoir « une bouille passe-partout« , c’est ce qui a joué en sa faveur tout au long de sa carrière. « On ne pensait pas qu’elle serait si longue, encore moins qu’elle durerait 22 années. Il a quand même été produit à 1,2 millions d’exemplaires. Le C15 est arrivé au bon moment en proposant un véhicule pas très cher et fiable. Il est un peu spartiate, mais bon, les gens qui achètent ça, ils ne cherchent pas forcément le confort. Ils veulent vraiment le côté pratique. »
Denis Huille estime que le Citroën C15 a une autre grande force : « Les roues, elles sont parfaitement situées aux quatre coins, il n’a pas de porte-à-faux. Quand il y a du poids, celui-ci est bien réparti. Et ça lui permet de passer dans des endroits où la route n’est pas très bonne, où il peut y avoir des bosses. Forcément, il est plus maniable comme ça. » Sa capacité de chargement est remarquable, et meilleure que ses principaux concurrents, d’après le responsable du Conservatoire de la marque aux chevrons : « Par exemple, on peut rentrer sans problème une palette à l’arrière. »
Le C15 est une voiture tout terrain appréciée à la ville comme à la campagne
Encore très populaire aujourd’hui, que ce soit en ville ou à la campagne, « apprécié des agriculteurs ou des chasseurs notamment », Denis Huille lui a découvert des atouts insoupçonnés jusqu’ici. « On voit des vidéos sur YouTube, de gars qui font du tout-terrain avec. Ils passent dans des endroits où on pensait que seul un 4×4 passait. Et le C15, il passe. C’est incroyable, rigole-t-il. Comme il est légèrement surélevé, et souvent équipé de bons pneus, adaptés pour la terre, il est capable de passer dans des endroits comme des chemins boueux. »
Le Citroën C15, c’est aussi une histoire de passion et de transmission. Et ce ne sont pas les gars de La Sotizerie, créée il y a dix ans, qui diront le contraire. Plus de 800 000 personnes suivent leur groupe, qui fait l’éloge de l’utilitaire, sur les réseaux sociaux Facebook, X et Instagram. « De base, le C15 c’est un truc qui nous fait marrer depuis qu’on est gamin. On avait nos papis qui en avaient un. Donc on faisait les cons avec papi, on allait à la pêche, on allait dans les champs avec lui, etc. On rigolait bien », indique l’un des fondateurs, qui souhaite rester anonyme.
Et la Sotizerie créa… la voiture du seigneur ! Le Citroën C15, évidemment !
Difficile ensuite de s’en passer. « Une fois ados, on commençait à prendre les clés de la seigneurie en cachette pour tirer des câbles dans les chemins (rires). Et à 20 ans, quand on avait l’âge de conduire, on allait faire nos premières soirées avec. Et pour pas se faire choper par les parents, on dormait derrière dans le C15 avec un bout de matelas », raconte-t-il.
Par « seigneurie », comprenez Citroën C15. L’un des membres de La Sotizerie nous explique d’où ça vient : « Le terme seigneurie, d’autres influenceurs mécaniques l’utilisaient avant nous. Mais souvent, les mecs parlaient de grosses BMW ou Audi, de voitures de costauds. Quand on a commencé sur le C15 à dire que c’est la voiture du seigneur, c’était tellement paradoxal, décalé qu’en fait, ça a tout de suite fait marrer les gens. »
« Il y a des gens, ça les fait kiffer de rouler en C15, véritablement »
Evidemment, tous les membres du groupe de La Sotizerie possèdent un Citroën C15. « C’est un peu notre Madeleine de Proust, notre identité. » Ceux qui ne sortent en public que munis d’une cagoule noire pour ne pas être reconnus, ne manquent pas de superlatif pour décrire l’utilitaire. « C’est un amour de jeunesse, mais on y tient. Il y a une certaine nostalgie. On a vécu plein de choses, on a tous eu des grandes ricanantes avec cette sacrée bagnole. » L’un d’eux estime que ce n’est pas seulement leur histoire, mais l’histoire de beaucoup de jeunes de campagne.
« Ils commencent leur première connerie en voiture avec ça et puis leur première soirée. Il n’y a pas de belles bagnoles, il n’y a pas de machin compliqué« , affirme-t-il. D’après lui, « ça montre aussi une vraie attache à la campagne, à la ruralité et aux traditions. Il y a des gens, oui, ça les fait kiffer de rouler en C15, véritablement« . Il va même encore plus loin dans son analyse. Le co-fondateur de « La Sotizerie » poursuit : « C’est une bagnole que tu répares facile. C’est du basico-basique. Ça ne consomme pas beaucoup, c’est robuste, c’est quasiment inusable. C’est une bagnole, tu t’en fous si elle est flinguée (rires). »
Et si Citroën ressortait une édition limitée « La Sotizerie » ?
Le groupe n’est en tout cas pas étranger au regain de popularité du Citroën C15 ces dernières années. Si tout est parti de blagues entre potes, il y a plus de dix ans, sur les réseaux sociaux, il n’y a aucune volonté aujourd’hui de vivre de cette passion commune ou de devenir influenceur C15. « Si demain Citroën nous propose de ressortir un C15 édition limitée « La Sotizerie », là, on arrête tous nos projets et on y va à fond« , rigole-t-il.
Ceux qui organisent de temps en temps des rassemblements et concours du plus beau Citroën C15, insistent sur le fait qu’ils ne font ça que « pour la déconne. Et ça doit rester de la déconne ». Avant de raccrocher, ils ont tenu à nous dévoiler quelques indices sur leurs origines : « On vient du bourg, de la campagne, du milieu agricole. On se fait appeler Riton, et notre âge se rapproche de celui du C15 (rires). »
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