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24 heures du Mans et Nürburgring, entretien avec Kevin Estre, pilote officiel Porsche et leader du WEC 2024 !

À quelques semaines des 24 Heures du Mans, Kevin Estre, en tête du WEC avec Porsche nous fait part de ses impressions et ambitions !

Pilote d’usine Porsche Motorsport depuis 2016, Kevin Estre va participer à ses dixièmes 24 Heures du Mans les 15 et 16 juin prochains. Déjà vainqueur des 24 Heures du Mans en GT, il espère réitérer la même performance, dans la catégorie reine de l’Hypercar cette fois.

À quelques semaines de l’échéance, le français a pris le temps de se confier sur son début de saison réussi et sur une autre course qui lui tient à coeur : les 24 Heures du Nürburgring en Allemagne.

Une version améliorée de la Porsche 963 pour le WEC 2024

Une victoire en ouverture au Qatar puis deux deuxièmes places à Imola et Spa, la saison 2024 du WEC ne pouvait pas beaucoup mieux commencer pour Kevin Estre et Porsche Penske. Logiquement, le pilote français, la Porsche 963 et l’écurie allemande mènent la danse en tête du championnat.

« On savait qu’on avait amélioré la voiture et notre façon de travailler, que ce soit tout au long de l’année dernière ou pendant l’hiver. Le Qatar a été vraiment une très bonne surprise, avec un circuit qui nous convenait mieux qu’aux autres », assure le lyonnais de 35 ans.

« A Imola et Spa, la voiture était beaucoup mieux que l’an dernier ou qu’aux essais qu’on avait faits auparavant. Je suis très satisfait et en même temps pas surpris de ce qu’on est arrivé à faire depuis le début de saison », admet le pilote tricolore. En 2023, pour son retour en Hypercar, Porsche n’était montée que deux fois sur le podium et avait eu de grosses interrogations au sujet des performances de la 963.

Kevin Estre et Porsche prêts pour « la plus grosse course de l’année »

« C’est un championnat qui est très relevé, avec un type de voiture qui est quand même compliqué. On ne peut pas changer ce qu’on veut, c’est impossible de changer des pièces pour la performance. Mais on sait qu’on a tout ce qu’il faut pour se battre devant. » Et ça tombe bien, puisque Le Mans se profile. Le Français ne ressent pas forcément de pression. Au contraire. « Je suis bien, je me sens prêt, je me sens d’attaque. C’est la plus grosse course de l’année. On a l’expérience, on connaît nos forces, nos faiblesses, on y travaille tous les jours. »

L’an passé, dans la Sarthe, les deux Porsche 963 avaient terminé respectivement aux 9ème et 11ème place. Cette fois-ci, Kevin Estre l’assure, l’écurie allemande fera beaucoup mieux : « Cette année, en étant réaliste, on a beaucoup plus de chances de s’imposer que l’an passé. On sait que si on fait un très bon boulot, on se battra pour la gagne, sinon pour une très bonne position. Et après, le Mans, ça reste le Mans. C’est un circuit très particulier. Il peut se passer 15 000 choses. Il faut continuer à travailler. On a encore quelques semaines pour ça jusqu’à la course. »

Déjà vainqueur au Mans en GTE Pro, au volant d’une 911 RSR, en 2018, il espère bien réitérer pareille performance. Surtout dans la catégorie reine, dans laquelle il se trouve depuis 2023 et il s’est vite adapté. « J’en apprend encore tous les jours et ma façon de piloter évolue un petit peu. Je suis meilleur de course en course. Je me sens encore plus prêt que ce que l’année dernière », lance-t-il.

Avant la Sarthe, les 24 Heures du Nürburgring, « une course sprint dans la course d’endurance » pour Kevin Estre

Avant Le Mans, le pilote français va remonter dans une GT, et plus précisément une Porsche 911 GT3 RS, pour disputer une autre course mythique. Les 24h Nürburgring, en Allemagne, qui ont lieu le week-end du 1er et 2 juin 2024. « Il faut changer d’état d’esprit, mais le changement d’une voiture à l’autre se fait assez facilement. Quand je monte dans l’une ou dans l’autre, je me sens à l’aise. Dans une GT, je sais à quoi m’attendre et quand je monte dans l’Hypercar, c’est pareil. »

Lui qui connaît par coeur le circuit allemand, où il s’est imposé en 2021, au volant d’une… 911 évidemment, nous en dit un peu plus sur celui-ci. « Le Nürburgring, c’est un circuit tellement différent des autres. C’est un circuit à l’ancienne. C’est 4 ou 5 fois la longueur d’un circuit standard de F1. Il y a 180 virages, je crois, alors que sur un circuit normal, il y en a une vingtaine. On a des passages très étroits, des vibreurs très hauts, 3 mètres d’herbe, le rail et les sapins. »

Il poursuit : « Ça nous met dans un état d’esprit assez différent en tant que pilote, parce qu’on n’a pas le droit à l’erreur. Si on a le malheur d’en faire une, le niveau est tellement élevé qu’on ne peut pas espérer un résultat en tant que team ou en tant que pilote. Surtout qu’il n’y a pas de Safety Car. C’est pour ça qu’il faut quand même pousser très fort pour aller vite. C’est une course d’endurance, mais vraiment une course sprint dans la course d’endurance. »

Le Nürburgring, « circuit le plus difficile au monde »

Kevin Estre va encore plus loin dans sa description. « Pour moi c’est le circuit le plus difficile au monde. Dans le massif d’Eifel, c’est toujours très compliqué et très changeant niveau météo. Sans oublier un trafic très difficile à gérer parce qu’il y a des écarts de deux minutes entre nous les GT3 et les petites voitures qui sont là, conduites souvent par des amateurs avec des teams qui ont peu de moyens. Il faut que tout ça cohabite, coexiste et ça rend la course très intéressante, mais aussi très difficile. »

Adepte des circuits du Mans et du Nürburgring, le pilote d’usine Porsche s’est laissé aller à une comparaison : « En termes de notoriété, le Mans c’est le circuit le plus international, le circuit que tout le monde connaît, même quand on n’est pas fan de sport automobile dans le monde entier ». Côté piste, il rappelle que le circuit allemand est permanent, contrairement à celui de la Sarthe, mais avec une petite subtilité tout de même, puisqu’une partie est accessible une grande partie de l’année au grand public.

« On peut rouler avec sa voiture sur la Nordschleife. Elle fait 20 km, elle est ouverte soit pour des track days, soit des journées de touristes. C’est là où monsieur tout le monde peut venir avec sa voiture, sa femme à côté, sans connaître le circuit et rouler à 50 km/h s’il en a envie », rigole-t-il. Avant d’ajouter : « On combine ça avec le circuit de F1 à côté. Donc on a un circuit de 25 kilomètres, avec une très très grande ligne droite de 3 kilomètres pour commencer. Puis le reste est très sinueux, très rapide et très étroit. »

Kevin Estre, plutôt 24 Heures du Mans ou Nürburgring ?

Pour revenir au Mans, il estime que « c’est beaucoup plus facile de gérer le trafic qu’au Nürburgring, parce qu’entre la dernière chicane des Hunaudières et Mulsanne, on a 800 mètres de ligne droite où on peut doubler 4 GT par exemple. Puis, on a pas mal de ligne droite entre chaque virage. On a le temps un peu de se poser, de faire retomber un petit peu la pression, de passer le trafic ». Niveau ambiance, là aussi, il y a clairement une opposition entre les deux.

« Au Nürburgring, tout le monde est accueilli un peu à bras ouverts en tant que team, tant que la voiture est safe et que les pilotes sont assez expérimentés pour rouler sur ce circuit-là. Les spectateurs sont en majorité des fans inconsidérés de cette course. Ils sont là pour la vivre à fond et faire la fête. » A côté de ça, en France, il y a un côté beaucoup plus solennel selon lui, avec « des stars ou des pilotes de F1 qui viennent. L’an dernier, Lebron James a donné le départ, Charles Leclerc était sur la grille… Le public n’est pas le même. Puis au Mans, on doit déposer un dossier, qui doit être accepté, si on veut courir. Tous les ans, des équipes sont refusées ».

Les 24 Heures du Mans, « la course qu’on a envie de faire tous les ans » affirme Kevin Estre

Une fois la comparaison terminée, on a demandé à Kevin Estre s’il avait une préférence. « J’adore les deux. En termes de plaisir de pilotage pur et de circuit, il n’y a rien de mieux que le Nürburgring. Mais niveau événement, le Mans, ça reste le Mans. C’est l’un des plus gros au monde, dans le monde du sport automobile et du sport en général. La durée du Mans, la parade, l’engouement, la pression qu’on a, le fait que ce soit en France, d’avoir la Marseillaise sur la grille de départ, le drapeau qui est amené par l’armée, la patrouille de France, c’est quelque chose d’extraordinaire », admet-il sans sourciller.

« Si j’avais une course à gagner, c’est sûr que ce serait le Mans. Je ne l’ai pas encore gagné au général, alors que je l’ai fait au Nürburgring. On va dire que les 24h du Mans, c’est la course qu’on a envie de faire tous les ans. »

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