La Formule 1 est une ruche qui fourmille d’innovations. Beaucoup d’ailleurs se sont retrouvées sur nos voitures de tous les jours ! Mais voilà, certaines sont parfois dangereuses, ou si performantes qu’elles mettent en péril la survie de la discipline. Elles sont alors interdites, immédiatement parfois, à la fin de la saison d’autres fois. Voici une petite sélection des meilleures trouvailles au cours de ces 70 ans d’histoire !
Les Formule 1 à 6 roues, la Tyrrell P34 de 1976
En voilà une voiture curieuse : elle a six roues ! L’idée est simple. Pour avoir un meilleur grip en virage, il faut plus de surface de contact du pneu vers la route. Mais des roues plus grandes freinent la voiture en ligne droite. Du coup, Tyrrell décide de dédoubler les roues avant. Elles sont désormais quatre, et toutes tournent de concert. Génial ! Mais, si la Tyrrell P34 était plutôt compétitive, elle avait aussi son lot de problèmes. Plus lourde, plus complexe, elle était surtout pénalisée par des pneus moins performants, car les manufacturiers ne souhaitaient pas développer un format si curieux. Si d’autres constructeurs comme Lotus, Ferrari ou encore March ont envisagé un passage à 6 roues, la F1 clôt le débat un peu plus tard, en 1983. Retour sur 4 roues.
Les jupes et l’effet de sol des Lotus 78 de 1977
A la fin des années 1970, une grande découverte aérodynamique bouleverse la Formule 1 : l’effet de sol. Cet effet permet de créer beaucoup d’appui sans créer trop de trainée. En utilisant un plancher et des pontons très sculptés, la voiture crée une dépression très proche du sol et la voiture de course est alors comme collée au sol. Malin non ? Colin Chapman, génial ingénieur et leader de Lotus, a l’idée pour démultiplier l’effet de « fermer » les côtés de la voiture à l’aide de jupes qui glissent sur le sol. Le résultat est redoutable, Lotus dominant les championnats jusqu’à ce que la concurrence ne finisse par rattraper son retard. Cependant, devant la vitesse des monoplaces, et l’aspect aléatoire de l’appui généré, la FIA décide d’interdire les jupes et d’imposer un fond plat, toujours en 1983.
« Fan-car » : la Formule 1 à aspirateur de chez Brabham BT46B en 1978
Plutôt que d’adopter les jupes inventées par Lotus une année plus tôt, Brabham et son redoutable ingénieur Gordon Murray décident de contourner le problème. Une Brabham BT46 est en effet modifiée pour accueillir un énorme ventilateur. Ce dernier aspire l’air sous la voiture et l’éjecte derrière, collant la voiture au sol. Pour contourner le règlement, qui stipule que les appendices aérodynamiques ne peuvent pas bouger, Murray affirme que ce ventilateur sert d’abord à refroidir un radiateur.
Au Grand Prix de Suède 1978, les voitures sont autorisées à prendre le départ, malgré les protestations des concurrents. Niki Lauda, au volant, domine la course, mais fin calculateur politique, Bernie Ecclestone, alors patron de l’écurie Brabham, décide d’abandonner le projet pour ne pas créer de scission en F1. La FIA décide ensuite d’interdire la BT46B pour clôturer le débat.
La suspension active de chez Williams FW14B en 1992
Toujours dans l’optique de créer plus d’appui, l’écurie Williams décide en 1992 de suivre une autre approche. La FW14B utilise des suspensions actives pilotées par un logiciel. Ce dernier contrôle la hauteur de caisse et l’assiette, qui restent toujours dans une fenêtre idéale pour faire fonctionner le fond plat. D’après les pilotes, l’effet est un peu déconcertant. Mais le résultat ne trompe pas : Williams écrase la compétition en 1992 et 1993. Evidemment, les autres écuries considèrent qu’elles doivent adopter le système pour rester compétitives, et que le développer serait extrêmement coûteux. Elles font donc pression sur la FIA, qui finit par interdire le système en 1994. Un facteur qui aurait peut-être contribué à l’accident fatal d’Ayrton Senna cette même année, alors qu’il se débattait avec une Williams devenue plus instable.
Le DAS inventé par Mercedes pour la Formule 1 W11 en 2020
Cette innovation est restée très discrète, mais pas inaperçue. Aux essais de pré-saison 2020, les experts repèrent que le volant de Lewis Hamilton et Valtterri Bottas bouge en profondeur. Réglage de confort ? Pas du tout ! Il s’agit en fait d’un système qui permet d’agir sur la géométrie des roues avant. Objectif : améliorer la montée en température des pneus et leur durée pendant la course. Autorisé pendant une saison, il a été interdit dès 2021, évidemment.
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