Renault et Ford ont officialisé le mardi 9 décembre 2025 un partenariat stratégique. Les deux constructeurs vont développer ensemble deux véhicules électriques, fabriqués dans le nord de la France.

Focus sur un rapprochement industriel qui redéfinit les relations entre Renault et Ford.
Jim Farley à Paris pour un partenariat Renault et Ford
Le PDG de Ford a fait le déplacement dans la capitale française pour signer un nouovel accord avec Renault. Dans un communiqué commun, les deux groupes annoncent un « partenariat stratégique dans les véhicules particuliers et utilitaires ». Concrètement, Ford va commercialiser au moins deux voitures électriques conçues sur la base technique de Renault.
Pour le constructeur américain, cet accord répond à un besoin urgent. En effet, Ford souhaite proposer une gamme électrique compétitive en Europe. Le groupe dispose déjà de partenariats avec Volkswagen pour ses modèles Explorer et Capri, mais il cherche également une solution plus économique pour les véhicules compacts.
De son côté, François Provost, directeur général de Renault, s’est félicité de cette annonce. « Nous sommes très fiers qu’un constructeur aussi iconique nous ait choisi », a-t-il déclaré lors d’un point presse. Il a également souligné que ce partenariat conforte la stratégie de Renault dans le développement de véhicules électriques compétitifs en Europe.
Des Ford fabriquées sur les sites Renault de Douai et Maubeuge
D’après le communiqué officiel, ces véhicules seront « conçus par Ford et développés avec Renault Group ». Autrement dit, Ford conservera la main sur le design et l’identité de ses modèles, tandis que Renault apportera son expertise technique.
Le pôle ElectriCity pour produire des Ford
Les deux futurs modèles Ford seront fabriqués dans le nord de la France. Plus précisément, ils sortiront des usines du pôle ElectriCity de Renault, qui regroupe les sites de Douai, Maubeuge et Ruitz. Ces usines produisent actuellement les Renault 5, Renault 4 et Alpine A290.
Une Ford sur base Ampère dès 2028
La base retenue est la plateforme Ampère, la même qui équipe les dernières citadines électriques du constructeur français.

Le premier véhicule issu de ce partenariat est attendu dans les concessions début 2028. Le second modèle n’a pas encore de date de lancement annoncée. Toutefois, Ford précise que ces deux voitures s’inscrivent dans « une nouvelle offensive produit ambitieuse en Europe ».
Partenariat Renault et Ford : une belle reconnaissance
Face aux autres constructeurs proposant des bases techniques électriques performantes, c’est une belle victoire et une belle reconnaissance pour Renault. Le constructeur français a beaucoup investi dans ses usines du Nord pour atteindre des coûts de production compétitifs. Grâce à ce partenariat, ces investissements vont générer des volumes supplémentaires, ce qui permettra d’améliorer encore la rentabilité du site.
Par ailleurs, Jim Farley a insisté sur la menace que représente l’offre de véhicules chinois en Europe. Selon lui, cette pression oblige les constructeurs européens et américains à « investir de manière efficace » et à « atteindre les niveaux de coûts nécessaires pour produire des véhicules abordables ». Le partenariat avec Renault s’inscrit donc dans cette logique.
Les utilitaires aussi concerné par ce partenariat Renault et Ford
Au-delà des voitures particulières, Renault et Ford ont signé une lettre d’intention pour explorer une collaboration dans les véhicules utilitaires légers. Ce segment est particulièrement stratégique pour Ford, qui domine le marché européen avec sa gamme Transit.
Les deux groupes envisagent de « développer et fabriquer ensemble certains VUL Renault et Ford », selon le communiqué. Cependant, aucun détail supplémentaire n’a été communiqué à ce stade. Il s’agit pour l’instant d’une intention, qui pourrait aboutir à un accord concret dans les prochains mois.
Pour Renault, cette coopération représenterait une opportunité de renforcer sa présence sur le marché des utilitaires. Le groupe propose déjà plusieurs modèles, comme le nouveau Trafic, via sa marque Renault Pro+.
Renault et Ford, une fusion ?
Certains observateurs pourraient voir dans ce partenariat les prémices d’un rapprochement plus profond. Les deux dirigeants ont tenu à dissiper tout malentendu sur ce point.
« Nous sommes un groupe profondément indépendant et il n’y a aucune discussion sur ce sujet », a affirmé Jim Farley. Le patron de Ford a rappelé que son entreprise, fondée en 1903, entend rester maître de son destin.
François Provost a tenu un discours similaire : « On peut faire beaucoup de choses sans penser forcément à un avenir commun. Et nous n’avons pas un tel projet. » Renault sort d’ailleurs d’une période de restructuration de son alliance avec Nissan et ne cherche pas à nouer de nouveaux liens capitalistiques.
Ce partenariat reste donc purement industriel et commercial. Chaque constructeur conservera son indépendance, sa stratégie et son identité de marque. Les futures Ford produites chez Renault seront d’ailleurs « immanquablement des Ford », comme l’a précisé Jim Baumbick, responsable de Ford Europe.
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