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DELAGE renaît grâce à l’hypercar D12 : entretien croisé entre Laurent Tapie, re-fondateur et PDG, et un collectionneur passionné de la marque

DELAGE D12 au Mondial de l’Auto 2024 : construire une « F1 de route » pour faire renaître une marque automobile mythique

Laurent Tapie a décidé, en 2019 de faire relancer le légendaire constructeur automobile DELAGE, disparu en 1953, avec « Les Amis de Delage », propriétaires de la marque. Depuis 2022, un premier modèle, la DELAGE D12, est disponible à la commande. Hypercar de 1 000 chevaux, moteur V12 6,6L « fait maison », moteur électrique directement « branché  » sur la boîte de vitesses, 30 exemplaires seulement : sa présentation au grand public est prévue au Mondial de l’Auto 2024 et les premières livraisons en début d’année 2025.

À l’occasion d’un essai sur circuit, Laurent Tapie nous a reçu à Magny-Cours afin d’évoquer DELAGE, la renaissance de la marque, le développement de cette « F1 de route », mais aussi de visiter la future manufacture de la D12. En parallèle, le collectionneur passionné Paul-Emile Bessade, dont la DELAGE D6-70 Spéciale de 1936 sera exposée au Mondial de l’Auto du 14 au 20 octobre, a également pris le temps de répondre à nos questions.

DELAGE : « C’est plus intéressant de faire revivre une belle histoire » confie Laurent Tapie

Laurent Tapie, PDG de DELAGE, aurait pu décider de créer sa propre marque, mais ce n’est pas du tout l’idée qu’il avait en tête. « C’est plus beau, je trouve, de faire repartir une marque qui a eu un passé magnifique que d’essayer d’en créer une à partir de rien », estime-t-il en évoquant DELAGE. « Quand on en crée une, en général, on donne son propre nom, alors ça flatte l’égo. » Pour lui, cela importe peu. « C’est plus intéressant de faire revivre une belle histoire. Celle-là encore plus », avance-t-il.

« Sans contestation possible », DELAGE donc, et Bugatti, « sont les deux plus belles marques automobiles françaises ». Il poursuit : « DELAGE a un palmarès sportif extrêmement fourni, a gagné à Indianapolis, a gagné au Mans, a établi des records du monde de vitesse », mais ce n’est pas tout. En effet, la marque a été « la plus récompensée, au monde, en concours d’élégance lors de la première moitié du XXe siècle ».

Si, en 2019, les discussions ont pu aboutir favorablement avec les propriétaires de la marque, c’est notamment parce que ce grand passionné de sport automobile avait déjà effectué un immense travail en amont. « J’avais conçu le projet de la voiture avant même le choix de la marque », précise-t-il. « Je me suis penché dessus dès 2018. Avec l’idée de me lancer sur le marché des hypercars. C’est-à-dire sur ce positionnement unique que sont les Formule 1 pour la route et pousser la similitude plus loin que personne ne l’a jamais poussé ».

Laurent Tapie continue, « je suis arrivé avec des billes, pas juste avec une feuille blanche ». Ainsi, il avait déjà une équipe technique, une étude « sur une voiture dont le show car était en finalisation », sans oublier le plus important, des capitaux. « Ils n’étaient pas sûrs à 100% que ça réussisse, moi non plus, mais j’avais déjà beaucoup d’éléments », admet-il.

Pour la DELAGE D12, « je ne voulais rien d’autre qu’un V12 atmosphérique, car il n’y a rien au-dessus en termes de plaisir »

Sous le capot de son hypercar, la D12, on retrouve… Un moteur V12 atmosphérique. « Comme c’est une voiture plaisir, pour moi, il n’y a rien au-dessus en termes de plaisir que ce moteur. Je tenais absolument à ce que ce soit un V12 atmosphérique, tant pour l’agrément, l’allonge, que pour le son. »

Prévu au départ pour accueillir une cylindrée de 7,6 litres, et une puissance de 990 chevaux, la voiture de production développe finalement 850 ch pour 6,6 litres de cylindrée. « A la base, on partait du moteur de la Porsche 911 GT3 de première génération, un six cylindres à plat de 3,8 litres, et on le doublait. Mais on a dû abandonner cette solution et réduire la voilure. » La raison de ce revirement de situation est simple. « Avec le durcissement des normes anti-pollutions, cela ne serait pas passé. L’entreprise qui travaille avec nous sur les homologations nous a conseillé de passer sous les 7 litres. »

Au total, cette « F1 de route » développe 1 000 chevaux. Le V12 thermique est associé à un moteur électrique de 150 ch qui se trouve sur la boîte de vitesses : « Il donne sa puissance en permanence. » Et il ajoute : « Il faut aussi dire que la marche arrière ne se fait qu’en électrique ».

Nürburgring « On fera notre tentative en avril ou mai 2025 », dévoile Laurent Tapie au sujet de la DELAGE D12

En revanche, on n’en saura pas plus sur les performances de ce modèle long de 4,68 m, largeur de 2,08 m et haut de 1,10 à 1,15 m selon le réglage des suspensions. Ce qui est sûr, c’est que la DELAGE D12 semble taillé pour battre des records. À commencer par celui du Nürburgring, en catégorie homologué route : « On fera notre tentative en avril ou mai 2025. Ça s’annonce très, très dur, parce que la Mercedes Project One a mis la barre très haut. On verra si on arrive à faire le meilleur temps. »

Quoi qu’il en soit, Laurent Tapie le dit lui-même, le dessin de la D12 ne trouve pas vraiment racine dans les anciennes DELAGE d’avant-guerre. « Hormis peut-être la 15 S8, une vraie voiture de course, qui a été championne du monde des Grands Prix en 1927. On pourrait dire que c’est son arrière-petite-fille… Mais il n’y a aucune ressemblance en termes de style. Celui de la D12 n’est tourné que vers la performance et l’appui aérodynamique. »

« Le brief auprès de mon designer était que je voulais un mix entre une Formule 1 et un avion de chasse, que ce soit un peu futuriste. » Il ajoute : « J’ai validé le tout premier dessin. Il était magnifique. Il n’y a même pas eu une seule hésitation. »

Le modèle de série est ainsi très proche de ce premier croquis. « Les seules modifications qu’on a dû faire, ce sont pour des raisons techniques ou d’homologation, mais il y en a pas eu beaucoup. Par exemple, le galbe des ailes était trop rond. Il a fallu les raboter parce que ça gênait la visibilité à 180 degrés dans le cockpit ».

En phase avec ses prévisions, Laurent Tapie veut vendre les 30 exemplaires de la DELAGE D12 d’ici 2028

Au total, trente exemplaires de cette DELAGE D12 seront produits. Larent Tapie poursuit : « Au rythme où on en est, on devrait y arriver. Donc ça veut dire fin des ventes en 2028, ce qui est plausible ». « Entre le moment où on donne le départ d’un projet et le moment où on peut commencer à livrer les premiers clients, il y a 4 à 5 ans. C’est le délai classique ». 2028 coïnciderait parfaitement avec les plans de la marque, et, très probablement, le lancement d’un deuxième modèle !

En attendant, il n’y a pas de recette miracle « pour que les ventes se mettent vraiment à décoller ». Il faut trois choses : que les potentiels acheteurs « aient vu une voiture homologuée, une usine qui tourne, et un client livré ».

Un développement et une production au cœur du Technopôle automobile de Magny-Cours

Dans l’automobile, « tous les projets sont plus longs et plus coûteux qu’on le prévoit au départ. », mais Laurent Tapie confirme que le dernier stade de l’homologation de la D12 est attendu pour le début d’année 2025. C’est l’entreprise spécialisée Idiada, située en Espagne, qui s’en chargera. La première livraison interviendra donc également au premier trimestre 2025, tandis que la manufacture Delage, située au coeur du Technopôle automobile de Magny-Cours, entrera en service dans les toutes prochaines semaines.

Laurent Tapie n’a pas choisi Magny-Cours par hasard : « Premièrement, il y a l’accès à la piste. Il n’y a que deux pistes niveau F1 en France, qui ont un super niveau de prestation, de qualité de traitement, c’est le Castellet et Magny-Cours », mais ce n’est pas tout, « ici, il y a un très grand nombre de sociétés spécialisées dans l’automobile de compétition ou de pointe. On travaille énormément avec l’écosystème de la Technopôle ».

« Tout le travail d’aéro et de mise au point moteur est fait ici. La soufflerie, c’est un prestataire, ACE (Aéro Concept Engineering), qui s’en occupe. Le moteur, c’est Oreca. », complète-t-il. « Honnêtement, c’est le bon endroit pour faire un projet de cette nature-là. »

DELAGE au Mondial de l’Auto 2024 : des surprises et des révélations attendues du 14 au 20 octobre

Delage sera présent au Mondial de l’Auto, qui se déroulera Porte de Versailles, du 14 au 20 octobre 2024. Laurent Tapie y fera de grandes révélations notamment l’annonce d’un second modèle, son nom, son objectif et son positionnement, durant la conférence de presse qu’il organise, lundi 14 octobre à 15 h, sur son stand : « J’aurai d’autres surprises, mais là, je ne vous en dit pas plus. », « J’y viens pour une raison précise. Je vous dirai pourquoi à ce moment-là. », « Rendez-vous lundi » conclut-il.

Paul-Emile Bessade propriétaire de deux DELAGE de 1936, dont l’une sera exposée au Mondial de l’Auto, nous parle aussi de sa passion pour la marque

Sur le stand DELAGE, il n’y aura pas que la D12. Les visiteurs passionnés du Mondial de l’Auto 2024 pourront également admirer plusieurs modèles d’avant-guerre, dont une DELAGE D6-70 Spéciale de 1936, qui appartient au collectionneur Paul-Emile Bessade. « Elle a été fabriquée pour rouler au Mans en 1936. Elle y a également couru en 1937 et 1938 », indique celui qui possède aussi une D8 1500 de la même année.

Propriétaire de la DELAGE D6 depuis une vingtaine d’années, il confie pourquoi il a jeté son dévolu sur ce constructeur mythique : « Je cherchais une marque française de voiture de course. Si je prends par exemple la D6, c’est une voiture qui est également d’une extrême polyvalence. » Il s’explique : « Elle peut courir sur circuit, ou aussi bien aller en promenade. Vous pouvez l’utiliser pour les Mille Miglia en Italie, pour Le Mans, ou pour aller chercher votre pain ou faire vos courses. C’est une voiture qui va marcher en permanence, et qu’on peut conduire tous les jours. »

Paul-Emile Bessade insiste : « Vous avez une vraie facilité d’utilisation. Vous pouvez la confier à n’importe qui. N’importe qui saura la conduire. Ça, à l’époque, vous ne le retrouvez nulle part ailleurs. » De plus, cette DELAGE D6, avec un six cylindres sous le capot, n’a pas de Spéciale que le nom. En effet, elle a une carrosserie unique, en aluminium, conçue en 1937 par le carrossier français Figoni & Falaschi. « Conduire des voitures comme ça, c’est une chance extraordinaire qu’on peut avoir dans une vie. Il faut savoir en profiter », lance-t-il.

Au volant de la DELAGE D6-70 Speciale, « vous êtes dans moment de liberté, presque comme sur une moto »

Paul-Emile la conduit donc très régulièrement pour des balades mais pas que. Au mois de juin 2024, le collectionneur a même disputé les Mille Miglia, soit 2 500 kilomètres, en Italie. Un moment très agréable selon lui. Que dire alors des sensations au volant. « C’est quelque chose d’extraordinaire. Quand vous roulez à 110, vous avez l’impression d’être à 200 à l’heure. Surtout qu’elle n’a ni pare-brise, ni toit. »

Il n’hésite pas à aller encore plus loin. « On a l’impression qu’on conduit presque une moto. On est quasiment assis par terre. Même si vous n’êtes pas dans une course, vous êtes dans un moment de liberté. Avec la sensation d’être dans un autre monde, même en roulant à 80 km/h. »

Ainsi, des sorties mémorables, Paul-Emile Bessade en aurait énormément à raconter. Ce qu’il veut mettre en avant, c’est d’abord une histoire de transmission. « Depuis quelques années, maintenant, je partage le volant avec mes enfants. La dernière fois, c’est eux qui ont conduit. Moi, je me suis mis en retrait. Je les revois assis à côté de moi quand ils avaient 3-4 ans. En tout cas, cette sensation de transmettre une passion dans laquelle mes enfants sont nés, c’est extraordinaire. »

DELAGE D12 : « J’ai beaucoup d’admiration pour Laurent Tapie », admet Paul-Emile Bessade

Concernant le Mondial de l’Auto et la présence de DELAGE, le collectionneur Paul-Emile Bessade affirme « les gens ne seront pas forcément passionnés par ma voiture en particulier, mais plus par celles que va exposer Laurent Tapie. J’ai beaucoup d’admiration pour lui ». Il continue en affirmant que le nouveau PDG de DELAGE : « est parti de zéro, de rien, pour faire renaître une marque et construire une voiture totalement spécifique. J’avoue que c’est extraordinaire. C’est la raison pour laquelle je lui prête ma voiture, d’ailleurs. »

Paul-Emile Bessade estime également qu’il y a « toute une clientèle fascinée » par les hypercars comme la D12. « Il a eu l’intelligence de faire renaître la marque Delage, qui a un grand passé sportif, en créant une voiture exceptionnelle ».

« On verra bien ce qu’il fera par la suite, mais je n’ai aucun doute sur le fait qu’il garde l’esprit de la marque. A l’image de Bugatti, qui a eu la même approche. Il s’en est peut être inspiré. », conclut Paul-Emile Bessade.

Rendez-vous le 14 octobre 2024 pour suivre les annonces de DELAGE, puis à partir du 15 octobre sur le stand de la marque au Mondial de l’Auto 2024 pour découvrir la DELAGE D12, mais aussi la D6-70 Spéciale de 1936 !


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