Pour continuer à rouler en toute légalité, et en toute simplicité, avec une voiture ancienne, il existe une alternative : le rétrofit. Toutefois avant de vous lancer, il convient de bien comprendre la notion et de connaitre les nombreuses obligations à respecter.
Comment fonctionne le rétrofit ?
Le principe du rétrofit est simple. Il consiste à remplacer le moteur à combustion d’origine, la boîte de vitesses, le réservoir et le pot d’échappement par des composants électriques.

Pour rétrofiter sa voiture, il faut une motorisation électrique, une batterie et un bloc électronique. Cette transformation est, depuis 2020, légale et même encouragée par l’État français.
Le rétrofit c’est transformer sa voiture thermique en électrique
Dès lors que l’opération du rétrofit est officialisée, le propriétaire de la voiture peut prétendre à l’obtention d’une vignette Crit’Air 0. Vignette habituellement réservée aux véhicules non-polluant, les modèles 100% électriques en tête. De sorte, toutes les éventuelles restrictions de circulation actuelles ou à venir, à l’instar de Paris et de sa conduite différenciée (en fonction de la classification Crit’Air) sur le boulevard périphérique ne seront plus qu’un lointain souvenir.

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Par ailleurs, le rétrofit permet d’éviter l’achat d’un nouveau véhicule. C’est une façon de recycler – pour ne pas dire de réparer – au lieu de jeter et de racheter. Une démarche écologique, qui lutte contre le phénomène de surconsommation et qui s’inscrit dans l’ère du temps.
Un kit homologué rétrofit. Où se le procurer ?
Le rétrofit est autorisé grâce à l’adoption et à l’installation d’un kit bien spécifique. À ce jour, seuls quelques kits rétrofits sont actuellement validés et homologués. Parmi ces derniers, on retrouve notamment ceux mis au point et commercialisés par R-Fit (le fameux Méhari Club de Cassis). Ils concernent les 2CV thermiques, berline ou fourgonnette, ainsi que les Renault 4L et R5. D’autres véhicules emblématiques viendront prochainement élargir l’offre existante.
En parallèle, d’autres acteurs, une quinzaine environ, se tournent – ou se sont déjà tournés – vers le principe du rétrofit. À l’instar de ByMoss et ses Land Rover Defender électriques, Design 1880 sur l’originelle Fiat 500, ou encore Rétrofuture. D’autres fabricants travaillent en partenariat avec les constructeurs eux-mêmes. À l’image de Tolv (qui a homologué le Renault Trafic et s’active sur des 4×4 Jeep, Land Rover et Toyota) ou encore de Qinomic qui s’est associé, en 2022, avec Stellantis pour un système adapté à la gamme d’utilitaires légers.
Quelles sont les obligations pour le rétrofit ?
Cette opération, qui permet de prolonger la vie des véhicules tout en réduisant leur empreinte carbone, est encadrée par une réglementation stricte. Celle-ci vise à garantir la sécurité et la conformité des véhicules ainsi transformés. La règle centrale de cette réglementation est claire : seul un professionnel habilité par le fabricant du kit de conversion est autorisé à réaliser le rétrofit d’un véhicule.
Des règles très strictes
La réglementation impose également une série de conditions techniques précises que le professionnel doit respecter. Tout d’abord, l’opération de rétrofit ne doit en aucun cas modifier les dimensions du véhicule. Cela signifie que le véhicule transformé doit conserver les mêmes caractéristiques physiques que l’original. De plus, le poids du véhicule transformé ne doit pas dépasser de plus de 20 % son poids initial. Cette limitation est importante pour éviter une surcharge qui pourrait affecter les performances du véhicule, notamment en termes de freinage et de tenue de route.
De même, la puissance du moteur électrique installé doit être strictement équivalente à celle de l’ancien moteur thermique. Le choix du moteur est également encadré par la loi : celui-ci doit être alimenté soit par une batterie de traction, soit par une pile à combustion hydrogène. Après la transformation, l’installateur doit transmettre une attestation de transformation au fabricant du kit. Ce document est indispensable pour obtenir un certificat de conformité. Enfin, le propriétaire du véhicule doit faire modifier son certificat d’immatriculation.
Quel est le prix/coût d’un rétrofit électrique ?
Pour vous donner un ordre d’idée quant au coût du rétrofit, retournons chez R-Fit. La société tricolore propose un total de cinq offres : un kit pour la 2CV berline, un kit pour la 2CV fourgonnette, un kit pour la Renault 4L, un kit pour la Renault 5 ainsi qu’une 2CV toute neuve et déjà électrifiée d’usine.
Respectivement, comptez un prix d’appel de 9 900€ (pour les 2CV 6 (type AZKA) et AK400 et AK 350 pour les fourgonnettes), 12 900€ (pour les R4 GTL, Clan et Savane), 13 900€ (R5 Tl ou GTL à 3 ou 5 portes) et 35 000 € pour une 2CV électrifiée neuve (40 000€ pour une 2CV fourgonnette).
Existe-t-il des primes et des aides ?
Ces tarifs peuvent sembler prohibitifs pour certains. En conséquence, l’État a mis en place des aides gouvernementales. L’objectif est d’encourager cette pratique. Toutefois, à l’instar du bonus écologique revu à la baisse ces dernières années, les aides pour le rétrofit subissent, hélas, le même sort.

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Aujourd’hui, l’enveloppe maximale pour un rétrofit électrique sur une voiture particulière est plafonnée à 5000 € (dans la limite de 80% du coût de transformation) pour les ménages les plus modestes (revenu fiscal de référence par part inférieur ou égal à 7100 euros; 15 400 euros pour les ménages dits « gros rouleurs » effectuant plus de 12 000 kilomètres par an dans le cadre de leur activité professionnelle). À défaut, l’aide gouvernementale tombe à 1500 € pour les ménages modestes ou autres (revenu fiscal de référence par part dès 15 400 euros).
À noter que vous pouvez bénéficier d’une surprime de 1 000 euros pour l’achat d’un véhicule si vous habitez ou travaillez dans une zone à faible émission mobilité (ZFE-m). Peu importe votre situation. Afin de bénéficier de la prime au rétrofit, il vous faut être majeur, justifier d’un domicile en France et avoir un revenu fiscal de référence par part inférieur ou égal à 24 900 € (15 400 € dans le cadre d’un rétrofit hybride rechargeable).
Quels sont les véhicules « retrofit » possibles ? Est-ce applicable aux motos et camionnettes ?
Contrairement aux idées reçues, le rétrofit ne concerne pas que les autos. Les camionnettes et mêmes les deux et trois roues motorisés peuvent également connaitre une seconde vie.
Toutefois, en fonction de chaque catégorie de véhicules, des conditions s’appliquent.
Pour les voitures particulières, il convient de transformer une auto de catégorie M1 selon l’article R. 311-1 du code de la route, et de ne pas céder le véhicule dans l’année suivant la date de facturation de sa transformation, ni avant d’avoir parcouru au moins 6 000 kilomètres. À savoir que vous pouvez opter pour un rétrofit électrique ou pour un rétrofit hybride rechargeable. Dans ces cas, d’autres conditions s’appliquent.
Est-il possible de faire un rétrofit sur une camionnette ?
Concernant les camionnettes, il faut que le véhicule appartienne soit à la catégorie des camionnettes, soit à la catégorie N2 selon l’article R. 311-1 du code de la route, bénéficiant de la dérogation de poids prévue au IV de l’article R. 312-4 du code de la route et d’un poids total autorisé en charge inférieur ou égal à 3,5 tonnes. Là encore, une camionnette passée au rétrofit ne peut être cédé dans l’année suivant la date de facturation de sa transformation, ni avant d’avoir parcouru au moins 6 000 kilomètres.
Qu’en est-il pour les deux/trois roues motorisés et quadricycles ?
Enfin, pour les motos, scooters, trois-roues motorisés et quadricycles, le véhicule à transformer doit appartenir à la catégorie des véhicules à moteur à deux ou trois roues et quadricycles à moteur au sens de l’article R. 311-1 du code de la route. Il ne doit pas être cédé par ce même bénéficiaire dans l’année suivant la date de facturation de sa transformation. Il ne doit pas non plus avoir parcouru moins de 2 000 kilomètres.
Pour finir, il doit faire l’objet d’une transformation de véhicule à motorisation thermique en motorisation électrique à batterie ou à pile à combustible.

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À noter également que camionnettes, deux/trois roues motorisés et quadricycles peuvent eux aussi, bénéficier d’une prime de l’État. En fonction de la catégorie à laquelle appartient le véhicule, la prime oscille de 1100 € (deux/trois roues et quads) à 9000 € (camionnettes de catégorie N2).
Quid du rétrofit hybride ?
Le rétrofit est également possible pour la transformation d’un modèle thermique en modèle hybride rechargeable.
Si vous songez à effectuer un rétrofit sur une voiture particulière, voici ce que vous devez savoir. Il est obligatoire de transformer la voiture par un moteur qui utilise l’électricité comme source partielle d’énergie et dont l’autonomie équivalente en mode tout électrique en ville déterminée en application du règlement (UE) 2017/1151 de la Commission du 1er juin 2017 est supérieure à 50 km.
Par ailleurs, ce nouveau moteur doit utiliser l’essence, le gaz naturel, le GPL ou le superéthanol (E85) comme source partielle d’énergie. Les émissions de dioxyde de carbone doivent être inférieures ou égales à 132 grammes par km.
Sachez pour conclure que le rétrofit hybride rechargeable s’applique aussi aux camionnettes et que la prime gouvernementale est également d’actualité. Celle-ci varie de 0 à 3000 € en fonction de votre revenu fiscal de référence par part. Et dans la limite de 80% du coût de transformation. Le barème est identique, aussi bien pour les voitures particulières que les camionnettes.
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